1915 : Pierre de Coubertin implante le siège du CIO à Lausanne par Antoine
En 1889, lors de l'Exposition universelle de Paris - qui durant six mois attira 32 millions de visiteurs venus s'émerveiller devant la tour Eiffel - le baron de Coubertin organisa le Premier Congrès des Exercices Physique et des Compétitions Scolaires et commença à tisser un réseau international d'enseignants, d'hommes politiques, de membres de l'aristocratie et de personnalités des sphères économiques, culturelles et sportives, qui pourraient l'aider dans la réalisation de son rêve olympique. Cinq ans plus tard, le 23 juin 1894, c'est dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, que 2000 personnes se levèrent spontanément pour acclamer sa proposition de faire renaître les Jeux Olympiques, et de désigner Athènes et Paris villes hôtes des deux premières éditions des Jeux, organisées en 1896 et 1900. Le premier siège du CIO était sis au domicile des parents de Pierre de Coubertin à Paris.
Illustration : le siège du CIO (source : site du CIO)
Dans le but de renforcer et d'étendre le Mouvement olympique en Suisse, le baron Pierre de Coubertin entreprit un premier voyage à Lausanne en 1908, afin d'évaluer les capacités de la ville d'organiser un futur Congrès olympique. Accueilli par son collègue, Godefroy de Blonay, lequel était devenu le premier membre suisse du CIO en 1889, le baron jugea les installations proposées par l'Université de Lausanne parfaites pour son objectif. C'est ainsi qu'au mois de mai 1913, le cinquième Congrès olympique eut lieu au Palais de Rumine, dans les locaux de l'Université de Lausanne, sous le haut patronage du Conseil fédéral de la Confédération suisse. Ayant pour thème principal La psychologie et la physiologie sportives, le Congrès attira plus de 100 participants, venus de neuf pays différents. Pierre de Coubertin quitta Lausanne avec un comité d'organisation et de solides relations établies sur place avec le gouvernement, cela dans un pays respecté pour sa neutralité politique.
L'année suivante, alors qu'éclatait la Première Guerre mondiale, Pierre de Coubertin décida de déplacer le siège du CIO hors de la France qui s'enfonçait dans le conflit et de l'installer en Suisse, pays neutre. C'est donc le 10 avril 1915 que le baron de Coubertin et Godefroy de Blonay rencontrèrent le syndic de la ville de Lausanne, Paul Maillefer, afin de signer l'accord qui allait faire de la ville le siège permanent du Mouvement olympique.
Pourquoi le choix de Lausanne ?
Durant la
cérémonie de signature de l'accord, rendant hommage à la ville de Lausanne pour
sa promesse et son engagement, le baron s'exprimait en ces termes : « L'Olympisme
trouvera dans l'atmosphère indépendante et fière que l'on respire ici (à
Lausanne), le gage de la liberté dont il a lui-même besoin pour progresser...
Veuillez, Messieurs, accepter l'expression de notre vive gratitude pour
l'accueil que la noble et illustre ville de Lausanne fait au Comité
International Olympique au nom duquel je déclare, à partir d'aujourd'hui, élire
domicile dans vos murs et d'y établir notre siège social ».
Les documents officiels établissant le Mouvement olympique à Lausanne furent signés en 1915, mais Pierre de Coubertin appréciait la ville depuis longtemps : « Lausanne était, pour y établir le siège administratif de l'Olympisme, la mieux désignée qui puisse se concevoir », écrivait-il. « Étalée délicieusement au bord du lac, couronnée de forêts, munie de toutes les possibilités sportives imaginables ».
Une histoire qui dure entre le CIO et Lausanne
Le siège du CIO fut d'abord
situé dans les hauteurs de la ville, au Casino de Montbenon. Puis, en 1922, la
ville lui attribua des salles de la Villa Mon-Repos (photo d'illustration issue du site du CIO), une imposante demeure du XVIIIème
siècle entourée de jardins pittoresques. Pierre de Coubertin y avait son
bureau, et finit même par y emménager par la suite avec son épouse, Marie, dans
des appartements privés. Il y avait également des pièces allouées au
secrétariat du CIO ainsi qu'un petit musée rassemblant des objets liés aux Jeux
Olympiques.
Le baron de Coubertin démissionna de la présidence du CIO en 1925, mais il resta très attaché à la ville et fut nommé citoyen d'honneur de Lausanne peu avant sa mort. Son attachement à la ville était tel qu'il souhaitât être enterré au cimetière du Bois-de-Vaux. Dans le parc de Mon-Repos, une stèle commémorative a été érigée, copie de la stèle d'Olympie qui contient le cœur de Pierre de Coubertin.
Après la guerre, Otto Mayer,
joaillier à Lausanne, devint chancelier du CIO et prit la suite de la gestion
des affaires administratives de l'institution. Or, le Mouvement olympique
prenant de l'ampleur, il devint évident que la villa Mon-Repos était trop
petite. Des rumeurs circulèrent brièvement, laissant penser que le CIO pourrait
être transféré dans une autre ville suisse ou même dans un autre pays, mais en 1968, l'organisation fut
invitée à s'installer dans une autre propriété de la ville à Lausanne, le
Château de Vidy, construit au XVIIIème siècle sur le site d'une
ancienne église.
Néanmoins, le développement du Mouvement olympique nécessita bientôt un agrandissement du siège. La construction de la « Maison Olympique » débuta, et elle ouvrit ses portes en octobre 1986. Elle fut dessinée par Pedro Ramírez Vázquez et Jean-Pierre Cahen. Ils dessinèrent également les plans du Musée Olympique, construit à quelques kilomètres de là au Quai d'Ouchy. Le projet fut dynamisé par l'enthousiasme du président du CIO de l'époque, Juan Antonio Samaranch, et le Musée ouvrit ses portes à l'occasion de la Journée olympique, le 23 juin 1993.