1980-1981 : Lôzane bouge par Malaïka
Qu'est-ce que Lôzane bouge ? C'est le nom que s'est donné le mouvement de revendications sociales des jeunes de la ville de Lausanne (Lôzane) entre 1980 et 1981. Au début des années 80, la jeunesse lausannoise manifeste. Le mouvement démarre le 28 juin 1980 et revendique un centre autonome, l'affichage libre, le droit de manifester et la suppression du fichier des homosexuels. Manifestations et heurts avec la police vont ponctuer l'année à venir. Les premiers affrontements entre jeunes et policiers ont lieu à Zurich en 1968 (c'est aussi à cette date qu'ont lieu les événements de Mai 68 à Paris). En 1971 à Genève, des étudiants se rassemblent devant le Grand Théâtre, symbole d'une culture bourgeoise qu'ils voudraient abolir.
Crédit photos : article de la RTS sur les 40 ans du mouvement
Que se passe-t-il le 28 juin 1980 à Lôzane bouge ?
Le 28 juin 1980, deux cents jeunes manifestent à Lausanne pour marquer leur solidarité avec la jeunesse zurichoise en ébullition. Le projet de création d'un centre autonome sur le site de la Rote Fabrik s'enlise alors que les citoyens de Zurich s'apprêtent à octroyer un confortable crédit de rénovation à leur opéra. Des émeutes mettent la ville en émoi et inaugurent le mouvement Züri brännt(Zurich brûle) qui se déchaînera durant tout l'été 1980. Dès la fin septembre, ce sera au tour de Lausanne de s'enflammer.
Le 27 septembre 1980
Une nouvelle manifestation rassemble environ 300 jeunes, avec des revendications diverses : la création d'un centre autonome, mais aussi l'affichage libre, le droit de manifester librement et la suppression d'un fichier que tient la police sur les homosexuels.
Que se passe-t-il dans les rues ?
Le 29 avril 1981, un centre autonome est ouvert à la rue Saint-Martin. Mais l'autogestion est un exercice délicat. Aux rapports de force et aux conflits internes s'ajoutent les difficultés liées à un public hétéroclite : fugueurs, noceurs, drogués, délinquants. On assiste dans les rues de la ville à des scènes guerre urbaine, avec des barrages, des gaz lacrymogènes et violence policières. La municipalité décide la fermeture définitive du centre le 13 juillet 1982.
Que serait l'idéal ?
Le souhait principal du mouvement consiste en un espace autogéré au sein duquel ils pourraient éprouver une forme de vie libertaire et alternative. Le défilé conduit les manifestants jusqu'au Comptoir suisse, où des affrontements avec la police ont lieu. Durant quatre week-ends, manifestations et rassemblements se succèdent.
L'autogestion
L'autogestion n'est pas un exercice facile. Aux conflits internes s'ajoutent les difficultés liées au caractère hétéroclite de la population qui fréquente les lieux. La drogue est un des principaux problèmes auxquels les animateurs du centre se trouvent confrontés. De plus, les bâtiments alloués sont des plus vétustes.
La Chronologie de Lôzane bouge
29 septembre : nouvelle manifestation de jeunes demandant un centre autonome, le droit de manifester sans autorisation, la liberté d'affichage et l'abandon des poursuites contre les personnes arrêtées l'avant-veille.
4 octobre : malgré des ébauches de discussion entre les autorités et les jeunes durant la semaine, une nouvelle manifestation dégénère en affrontements violents entre quelques centaines de jeunes et la police.
5 octobre : 150 jeunes créent un comité juridique pour répliquer aux violences policières et réaffirmer les revendications du mouvement.
11 octobre : 200 jeunes du mouvement Lôzane bouge défilent à nouveau, pour ne pas être accusée de provocation, la police ne se montre pas, la manifestation se déroule essentiellement dans le calme.
18 octobre : une tentative d'occupation de locaux de l'EPFL pour y instituer un centre de jeunesse autonome tourne court après l'intervention de la police.
25 octobre : environ 300 jeunes y rédigent une lettre à l'attention de la Municipalité demandant l'abandon des poursuites contre les jeunes appréhendés et la mise à disposition d'un lieu de rencontre couvert de 500 places.
8 novembre : une manifestation autorisée, organisée par le comité de soutien au mouvement « Lôzane bouge » intégrant des représentants des partis de gauche, des syndicats et d'associations, réunit un millier de personnes sur la place de la Palud.
24 janvier 1981 : à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance vaudoise, 200 jeunes manifestent pour réclamer le libre accès à tous les espaces publics de la ville.
28 février : occupation d'une maison dans le quartier du Rôtillon pour en faire un centre autonome. Deux autres tentatives d'occupation sont empêchées par la police.
9 mai : le mouvement Lôzane bouge participe à la fête du cannabis à Vidy qui demande la dépénalisation de l'usage des drogues douces.
Octobre 1982 : le procès de 11 personnes arrêtées dans le cadre du mouvement Lôzane bouge se déroule dans un climat de forte tension et se solde par un sursis général.