Deux figures féministes de Lausanne au XXè siècle par Cloé
Gertrude Montet Girard et Gabrielle Nanchen sont
toutes les deux des figures politiques lausannoises avec un parcours très intéressant. Elles
ont participé au combat des femmes pour le droit de vote et d'éligibilité que
l'on a obtenu le 7 février 1971. Cela fait maintenant 50 ans que les femmes ont
enfin obtenu ces droits en parti grâce à ces deux femmes, donc elles méritent
que l'on raconte leur histoire.
Gabrielle Nanchen est née sous le nom de Gabrielle Stragiotti le 31 mars 1943 à Aigles en Suisse, dans le Chablais vaudois. Son père, Gabriel Stragiotti, est d'origine italienne et sa mère, Cécile Thiault (son nom de jeune fille), est d'origine française. Elle est licenciée en sciences sociales de l'Université de Lausanne et titulaire d'un diplôme en travail social de l'École d'études sociales de Lausanne. Elle épouse Maurice Nanchen en 1967 : ils ont trois enfants et ils vont vivre à Icogne dans le Valais.
Très jeune, elle va se faire remarquer des journaux, en 1968, alors qu'elle a 25 ans : la TSR réalise un reportage à Icogne. Lors d'une assemblé commune, elle prend la parole et aborde le sujet du droit de vote pour les femmes.
En 1971, après l'introduction du droit de vote et d'éligibilité des femmes, Gabrielle devient la plus jeune des onze femmes élues au Parlement suisse. Elle a 28 ans. Elle y siège comme conseillère nationale dans les rangs du parti socialiste. Mais elle est aussi la première femme élue au Conseil national en Suisse romande. Elle s'est beaucoup engagée dans la politique sociale et familiale.
En 1975, elle conserve son siège au Conseil national puis se présente aux élections du Conseil d'Etat Valaisan en 1977. Gagnante en nombre de voix, elle voit quand même son élection invalidée, la Constitution valaisanne interdisant à deux personnes habitant dans le même district de siéger ensemble au Conseil d'État. Antoine Zufferey, lui aussi est domicilié dans le district de Sierre, l'avait devancée en nombre de suffrages. Renonçant à changer de domicile, Gabrielle Nanchen perd l'occasion de devenir la première femme élue dans un exécutif cantonal en Suisse.
En 1979, elle quitte le Conseil national après y avoir défendu le droit à l'avortement et une politique familiale protégeant mieux la maternité.
En 1972, Carole Rossopoulos réalise un film documentaire dépeignant les réactions à la suite de sa candidature au Conseil d'État.
Portrait de Gabrielle Nanchen sur la RTS.
Article sur le site de la RTS (photo d'illustration issue de l'article).
Gertrude Montet Girard est née le 9 janvier 1913 à la Tour-De-Peilz et est décédée le 25 novembre 1989 à Vevey. Elle est journaliste, femme politique et féministe suisse. Membre du Parti Radical Démocratique (PRD), elle siège au Conseil national de 1974 à 1983. Gertrude Montet Girard est la fille de Frédéric Montet, maître ramoneur, et de Fanny Murisier. Grandissant dans une famille protestante libérale, elle rêve d'être infirmière, mais une jambe atteinte par la poliomyélite (une maladie très contagieuse provoquée par un virus, le poliovirus, qui envahit le système nerveux et qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles) l'en empêche. Elle opte alors pour un apprentissage de couturière modiste. Elle parfait cette formation à Paris au début des années 1930, puis épouse un catholique, Pierre Girard, qui est propriétaire d'une entreprise de peinture.
En 1936, à une époque où la Suisse compte peu de mariages mixtes, elle prend le nom de Gertrude de Montet-Girard. Après son mariage, elle travaille dans l'entreprise de son mari et a trois enfants, une fille et deux garçons.
Dans les années 1960, Elle collabore avec la radio Suisse Romande et contribue régulièrement à la revue Femmes suisses et le mouvement féministe. Engagée dans le mouvement pour le suffrage féminin dès 1957, elle dirige la fédération cantonale des associations vaudoises pour le suffrage des femmes de 1960 à 1968.
De 1968 à 1977,
elle est présidente centrale de l'Association
pour le Suffrage Féminin (à partir de 1971,
Association suisse pour les droits de la femme). Sous sa
direction, l'association proteste en 1968 contre la signature de la Convention européenne des droits de l'homme,
car le rapport du Conseil fédéral comportait une réserve due à l'absence de
droits politiques pour les femmes. Cette intervention permet d'accélérer la
rédaction d'un nouveau projet de loi visant à introduire le droit de vote des
femmes.
L'association est également impliquée dans ce processus. Dans la période précédant la votation du 7 février 1971, elle s'implique dans le comité de campagne en faveur du projet. En tant que Vaudoise, elle obtient le droit de vote et d'éligibilité dans les affaires cantonales et communales à partir de 1959. En 1961, elle est élue au conseil communal (législatif) de La Tour-de-Peilz. En 1971, elle se présente aux élections du Conseil nationale sur la liste du Parti radical-démocratique (PRD). Elle entre au Conseil national en 1974. En 1983, elle démissionne après avoir été réélue à deux reprises. Au Conseil national, elle s'est principalement occupée des questions de politique économique et sociale.
De 1975 à 1983, elle est membre de la délégation parlementaire auprès du Conseil de l'Europe. En 1976, elle est élue présidente de la Commission fédérale contre l'alcoolisme. En 1983, Gertrude Montet Girard reçoit le prix Ida Somazzi pour ses services dans la lutte pour l'égalité politique.